Trois mois [Chapitre I, 131 livres et 4 pences)

Voilà, après plusieurs temps d'attente j'ai décidé de recommencer l'histoire que j'avais faite (du même intulé). Si les modos ou les admins pouvaient supprimer l'autre topic ?... Enfin bref, voilà une histoire un peu différente de celle que j'avais prévue à l'origine, mais elle me convient mieux. Je tiens tout de même à préciser que ce prologue n'est pas terminé lui-même donc, normal, la suite va suivre. Sur ce...

Sa vie était à peu près comme la votre. Mettons qu’elle se situait juste un peu en dessous de la moyenne. Des points lui étaient enlevés car elle n’était pas populaire dans le sens où elle ne faisait pas partie de la catégorie « jeune pétasse blonde de quartier chaud ». Fille sympa, au physique quelque peu ingrat mais avec du potentiel, elle n’était pas non plus esseulée. Elle prenait soin de choisir soigneusement ses amis. Mais cela ne changeait rien.
Elle vivait dans un environnement de classe « moyenne » dirons-nous. Parents non divorcés mais pas mariés non plus. Pas riche mais pas pauvre. Immeuble. Jardinet. Balcon. Belle chambre (baroque). Bonne maternelle, bonne primaire, relativement bon collège et bon lycée. Ni plus ni moins.
Nous avons là toutes les apparences de la « juste mesure ». Sa quête permanente. Le juste milieu, la juste mesure. Aussi, plus rarement, la recherche de l’excellence. Certains sujets lui tenaient à cœur. Elle tentait de se réfléchir et de résoudre tout problème non pas avec l’aveuglement de la Justice, mais avec tout le tact du diplomate. Cela lui réussissait la plupart du temps, quand on savait lui reconnaitre cette qualité. C’était rare.
Nous avons là un bilan plutôt sommaire et au demeurant négatif de cette jeune fille (femme). Elle aussi elle l’avait, ce même bilan. Un soir, vers 23h00, elle l’avait également. Ca ne lui avait pas pris beaucoup de temps, elle n’avait eu qu’a piocher dans la journée qu’elle venait de vivre. C’était la journée T, la journée Témoin. Celle, qui pendant de longues années lui servirai de moyen de comparaison pendant sa nouvelle existence.

Seconde et dernière partie du prologue... (après on entame legros morceau ! )

Sa nouvelle existence, venons-y. C’est intéressant non ? Appétissant je dirais, comme si on se retenait d’ouvrir un paquet de chips qui nous fait de l’œil mais qu’on en entendait le bruit croquant. Craquant. Crépitant. Sa vie manquait de folie. Simple et tragique constatation. Elle se leva trop vite de son lit. Sa chambre se brouilla de noir devant ses yeux puis une lumière aveuglante transperça cette brume (merde, j'aime pas cette phrase). La première pierre du mur était brisée et le jour se montrait timidement derrière. Elle eu une idée. La fugue, non la fuite. Pourquoi cette idée plutôt qu’une autre ? Je ne sais pas, elle non plus. Elle avait ses certitudes et ses idéaux. Laissons-lui.

Mais elle réfléchit. Méticuleusement elle analysa point par point la concrétisation de son projet. Elle combla les failles, se fraya un chemin. Pas de précipitation. S’il vous plait. Elle se posa la règle des cinq « w ». Une technique de journaliste apprise au détour d’un manuel d’anglais mal exploité en classe. Who (elle), what (fugue, fuite), why (à rechercher). Le when et le where lui posèrent plus de soucis.Elle n’eu réponse à ces questions que le lendemain, en voyant que Dan lui avait envoyé un mail. « You’re always welcome ! » Elle allait le prendre au mot. Ainsi qu’au dépourvu. Poor Dan, surprise ! Le when fut donc défini plus facilement. Une semaine plus tard. Jeudi, en somme.

Merci Rogue pour tes encouragements ! Ca me fait plaisir de voir que tu aimes ma manière d'écrire, il parait que le mieux pour raconter une histoire à l'écrit c'est de la retranscrire comme si on la racontait à l'oral... Contente aussi de savoir que j'ai pu t'apprendre la règle des 5 W, c'est assez utile lors d'une composition en Histoire, ça évite de trop s'éloigner du sujet. Ca permet également de clarifier les choses, je trouve.

Maintenant on commence le chapitre I :

131 LIVRES ET 4 PENCES

Le jeudi matin. Pourquoi ? Parce que son professeur était absent. Mais les vioques ne le savaient pas. Au lieu d’aller au port à 10h00, elle attendit une heure de plus. Sa tante travaillait là-bas. Dangereux. Bien sûr, elle avait de l’argent. Quatre-vingt euros retirés promptement de son compte une fois sa décision prise, mais également soixante-quinze euros économisés secrètement. C’était son secret. Secret de contrebandier. De faux-monnayeur. La perruque brune de la kermesse de CM2 entourait son visage et le fond de teint fauché lui donnait un petit hâle d’été. Les lunettes étaient une obligation. Les yeux bleus étaient trop reconnaissables, surtout les siens. T-shirt à manches longues bordeaux, jupe en jean et botte noir à talons qu’une cousine avait, il y a plusieurs années, abandonné dans sa chambre. Pas lents, décidés, de la jeune femme du Sud dynamique qu’on aperçoit parfois dans des documentaires sur la Côte d’Azur. Dix-neuf ans (seize).

La tante est absente. La peur non. Elle avance et se pli aux exigences de la politesse pour obtenir ce qu’elle veut. Son billet. Puis déplacement vers la gauche. Nouvelles courbettes pleines de gentille hypocrisie. Elle a changé son argent. Elle possède désormais le plus beau des trésors à ses yeux : 131 livres (et quatre pences). Pourquoi attendre ? Le premier horaire sera parfait.